
Adélaïde d’Osmond (1781-1866)
- 6 septembre 2024
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Mémorialiste et aristocrate, la Comtesse de Boigne a vécu dans la propriété de la Roseraie.
Salonnière et écrivaine
Jeunesse et mariage
Née à Versailles le 19 février 1781, Adélaïde d’Osmond, par son mariage comtesse de Boigne, appartient à une famille aristocratique. Son père descend d’une lignée ancienne de nobles anglo-normands, compagnons de Guillaume le Conquérant. Sa mère, Eléonore Dillon vient d’une famille de catholiques irlandais ayant émigré et prospéré en France.
En raison de la proximité de sa famille avec la Cour de Versailles, Adélaïde a été compagne de jeu du Dauphin, fils aîné du roi Louis XVI qui était destiné à régner à la mort de son père. La Révolution française contraint sa famille à l’exil, d’abord en Italie, puis en Angleterre, comme de nombreux nobles de l’époque.
C’est à Londres en 1798, qu’elle rencontre et épouse le comte Benoît de Boigne (1751-1830), un aventurier et militaire franco-savoyard ayant fait fortune en Inde.
Leur mariage est un arrangement mutuellement bénéfique : d’un côté, un ancien militaire qui approche de son cinquantième anniversaire, fatigué d’une vie d’officier hors d’Europe mais dont il a tiré une fortune conséquente, et cherchant à créer un foyer pérenne. De l’autre, une jeune fille émigrée de dix-sept ans dont les déboires financiers de sa famille désargentée lui causent une grande détresse. « Je fis la faute […] de lui dire que je n’avais aucun goût pour lui, que probablement je n’en aurais jamais, mais que, s’il voulait bien assurer le sort et l’indépendance de mes parents, j’aurais une si grande reconnaissance que je l’épouserais sans répugnance ».
Quelques années plus tard, le couple se sépare, laissant à Adélaïde une totale liberté et une pension considérable.
Vie mondaine et salons littéraires
En 1804, de retour en France sous l’Empire, après que Napoléon autorise certains nobles émigrés à revenir, la comtesse de Boigne s’installe à Paris et au château de Beauregard à la Celle-Saint-Cloud.
Adélaïde d’Osmond commence alors à tenir un salon politique et littéraire influant, où les royalistes tolérés par l’Empire trouvent refuge. Les contemporains côtoyant la comtesse l’a décrive comme « prudente dans sa conversation, bien que douée d’esprit et d’une extrême finesse ».
En 1812, le domaine de Beauregard est échangé contre celui de la Roseraie à Châtenay-Malabry.
Chaque été de 1812 à 1852, la comtesse de Boigne vient s’installer dans sa propriété de Châtenay. Ce lieu devient alors un centre de la vie intellectuelle et politique de l’époque, accueillant des personnalités telles que Madame de Récamier, René de Chateaubriand, le chancelier Pasquier, y compris le roi Louis-Philippe, très lié à la famille d’Osmond.
Mémoires
C’est dans cette propriété de la Roseraie que la comtesse écrit ses mémoires, une œuvre précieuse pour l’histoire de la Monarchie de Juillet et un témoignage unique sur l’aristocratie du XIXe siècle. Il faudra attendre le début du XXe siècle et l’indélicatesse d’un proche de la famille pour que son ouvrage intitulé Récits d’une tante, mémoires de la comtesse de Boigne née d’Osmond soient publiées et accessibles au grand public. Marcel Proust en était un lecteur enthousiaste et s’en est inspiré pour créer le personnage de Madame de Villeparisis dans son œuvre romanesque A la recherche du temps perdu.
Décès
Adélaïde d’Osmond, comtesse de Boigne, s’éteint à l’âge de 85 ans à Paris le 10 mai 1866 et est enterrée dans le cimetière d’Aubry-le-Panthou, en Normandie, dans une tombe attenante à celle de sa mère.